Les craintes sur nos contrats d’assurance-vie s’accumulent. Selon la dernière étude publiée par Standard & Poor’s, les assureurs vont essuyer une forte baisse de leurs marges d’ici 2020. Nul doute qu’une répercussion aura lieu sur les contrats d’assurance-vie des épargnants, notamment pour les contrats les plus anciens.
Alors que comme l’atteste la collecte record du mois de juillet denier, les épargnants misent de nouveau largement sur l’assurance-vie, les craintes sur ce placement s’accumulent. La faute aux taux obligataires au plus bas de leur histoire. Les rendements des portefeuilles obligataires des assureurs s’écroulent, ces derniers pourraient être en difficultés financières avant l’horizon 2020.
Le rendement des obligations d’Etat au plancher
Si en France les obligations d’Etat (OAT) ont encore des taux positifs, ce n’est déjà plus le cas de leurs équivalents en Allemagne. Les banques allemandes souffrent de cette situation et l’inquiétude augmente. En France, les banques empilent encore des bénéfices largement confortables, donc la situation ne semble pas si délicate. Néanmoins, les signes d’une période plus difficile s’accumulent.
fl<courbe-oat-moyenne|>fl Ainsi, selon Standard & Poor’s, les assureurs se préparent à une sérieuse baisse de leurs marges. Cette étude de l’agence de notation table en effet sur une baisse régulière des rendements de leurs fonds propres, atteignant 1 à 1,5 % par an d’ici 2020. Cela en supposant "que les taux d’intérêt ne se redressent pas et qu’il n’y ait pas de changement dans les profils d’investissement ou dans les mix produits". Ainsi, les compagnies d’assurance passeraient ainsi sous le seuil de la rentabilité à la fin de la décennie !
Faut-il craindre pour autant des faillites des assureurs, comme au Japon ?
Avec la mise en place des taux nuls au Japon pendant une dizaine d’années, plusieurs assureurs ont fait faillite, laissant le soin à l’Etat de faire fonctionner les fonds de garanties, en clair, les contribuables Japonnais ont renfloué leur propre épargne. Et pour la France, va-t-on assister à la faillite des assureurs ? A priori, non, car les assureurs français ont déjà anticipé ce changement de conditions de marché.
Une partie de plus en plus importante des placements s’effectue actuellement sur des fonds immobiliers, moins sensibles aux taux de marché et offrant pour le moment plus de rendements. Par ailleurs, les fonds euros classiques affichent déjà des taux de rendement moribonds, et les assureurs s’activent pour inciter les épargnants à fuir ces contrats les plus anciens. Des frais élevés et des rendements à la traîne, les épargnants comprennent parfois vite quand la situation devient totalement inacceptable. Il n’en reste pas moins vrai que des rendements proches du 0% absolu est envisageable sur les contrats les plus anciens. Les assureurs n’ayant aucun intérêt à sauver cette situation. Si le capital est garanti, le rendement ne l’est pas. Et avec une légère reprise de l’inflation, servir du rendement proche de 0% serait encore un gain pour les assureurs. Mais nous en sommes pas encore là.
Vers une modification des règles pour les fonds euros ?
Après l’échec de l’EuroCroissance, essentiellement poussé par le gouvernement, les assureurs pourraient plutôt proposer une alternative aux fonds euros classiques en reniant sur la totale garantie du capital. C’est ce qui est proposé aux épargnants allemands. Une garantie du capital à hauteur de 80% seulement permettrait aux assureurs de prendre plus de risques financiers, en misant sur les PME ou plus largement les places boursières. Un changement radical de tendance que les épargnants pourraient bien ne pas accepter, provocant ainsi un raz de marée de retraits, conduisant à la situation que les assureurs souhaitent justement éviter : les retraits massifs sur une période courte, les conduisant à solder leurs positions, et donc réaliser des pertes financières abyssales.
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